Au cœur de l’hyperactivité : comprendre les troubles de l’attention
Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, plus connu sous l’acronyme TDAH, touche en France environ 5 % des enfants et 2,5 % des adultes selon les données de la Haute Autorité de Santé (HAS). Marqué par un déficit de l’attention, une impulsivité fréquente et une hyperactivité motrice ou mentale, le TDAH peut être un véritable coup de frein dans la vie quotidienne.
Les traitements conventionnels, généralement à base de psychostimulants comme la Ritaline (méthylphénidate), se heurtent parfois à une mauvaise tolérance ou à des effets secondaires lourds : perte d’appétit, troubles du sommeil ou sautes d’humeur. C’est dans ce contexte que des alternatives naturelles émergent, dont une suscite un intérêt croissant : le CBD, ou cannabidiol.
CBD : de quoi parle-t-on exactement ?
Le cannabidiol, ou CBD, est l’un des nombreux composés présents dans le chanvre (Cannabis sativa). Contrairement au THC – responsable des effets psychotropes –, le CBD n’altère ni la perception ni l’état de conscience. En France, le cannabidiol est autorisé à la vente depuis l’arrêté du 30 décembre 2021, à condition qu’il soit extrait de variétés de chanvre autorisées et que le taux de THC ne dépasse pas 0,3 %.
Le CBD est reconnu pour ses vertus relaxantes, anti-inflammatoires et neuroprotectrices. Des propriétés d’intérêt lorsqu’on s’interroge sur son potentiel pour apaiser les troubles liés à l’hyperactivité.
Hyperactivité et anxiété : un duo souvent lié
Le TDAH n’est pas seulement une question de concentration. Il est aussi souvent accompagné de troubles secondaires comme l’anxiété chronique, les troubles du sommeil ou encore la dépression. Ces symptômes sont autant de cibles potentielles pour le CBD, qui agit via le système endocannabinoïde – un dispositif complexe de récepteurs présents dans tout notre organisme, y compris dans le cerveau.
Le CBD interagit notamment avec les récepteurs CB1 et CB2, mais aussi avec les récepteurs de la sérotonine (5-HT1A), impliqués dans la régulation de l’humeur, du stress et des émotions. En apaisant l’anxiété, en favorisant un état de calme mental, le cannabidiol pourrait offrir un environnement plus propice à la concentration et à l’apprentissage.
Des recherches encourageantes mais encore limitées
Des études scientifiques commencent à pointer une possible efficacité du CBD pour réguler les troubles de l’attention. Une revue menée en 2020 par Medical Cannabis and Cannabinoids a révélé que certains patients atteints de TDAH observaient une amélioration de la concentration et une diminution de l’impulsivité en consommant des produits à base de cannabis médical (via notamment le CBD) (Stoklosa et al., 2020).
Une autre étude britannique publiée dans la revue European Neuropsychopharmacology en 2017 a montré que des adultes ayant pris un médicament expérimental à base de Sativex (un spray contenant CBD et THC) avaient une amélioration légère mais significative de leurs symptômes liés au TDAH (Cooper et al., 2017).
Important toutefois : ces recherches restent préliminaires, les échantillons sont souvent faibles, et les effets du CBD seul sont encore mal explorés. Aucune recommandation médicale officielle n’a, à ce jour, validé son usage pour traiter l’hyperactivité.
Avantages potentiels du CBD pour les personnes atteintes de TDAH
Si l’effet thérapeutique du CBD dans le cas du TDAH n’est pas encore tranché par la science, plusieurs de ses effets indirects pourraient être bénéfiques :
- Réduction de l’anxiété : le CBD pourrait aider à calmer les pensées envahissantes et améliorer la capacité à rester focalisé.
- Amélioration du sommeil : en régulant le cycle veille-sommeil, il pourrait contribuer à un meilleur repos – essentiel pour la gestion des symptômes du TDAH.
- Diminution de l’impulsivité : grâce à ses effets régulateurs sur la sérotonine et la dopamine.
- Effets secondaires limités : Le CBD bien dosé est généralement bien toléré et ne provoque pas de dépendance (selon l’OMS, rapport 2018).
CBD et enfants : prudence absolue
Chez les adultes, le CBD semble offrir un potentiel intéressant, mais en ce qui concerne les enfants, la prudence est de rigueur. Aucune autorité de santé en France – ni la HAS, ni l’ANSM – ne recommande actuellement l’usage du cannabidiol pour les enfants. L’absence d’études solides chez les mineurs et les possibles interactions médicamenteuses justifient cette réserve.
Si vous pensez que le CBD pourrait aider un enfant atteint de TDAH, la consultation avec un professionnel de santé est indispensable. L’automédication est à proscrire, surtout dans le cadre de troubles neurodéveloppementaux.
Cadre légal du CBD en France
Il est légal d’acheter et de consommer du CBD en France tant que ce dernier respecte les conditions suivantes :
- Le produit doit être fabriqué à partir de chanvre autorisé (Arrêté du 30 décembre 2021).
- Le taux de THC doit être inférieur à 0,3 %.
- Le produit ne doit pas être commercialisé comme médicament sans autorisation préalable de l’ANSM.
Autrement dit, les huiles, infusions, gélules ou tisanes à base de CBD sont autorisées à condition qu’elles répondent aux normes précises fixées par la législation française et européenne.
Comment intégrer le CBD dans le quotidien ?
Pour les adultes souhaitant tester cette option, il existe plusieurs formes de consommation :
- Huiles sublinguales : quelques gouttes sous la langue pour une action rapide.
- Gélules ou comprimés : pour une absorption plus lente mais régulière.
- Tisanes ou infusions : apaisantes en fin de journée.
- Produits alimentaires : attention cependant aux dosages souvent faibles et peu efficaces.
L’essentiel est de commencer avec une faible dose et d’ajuster progressivement (le principe du start low, go slow). Enfin, choisir un produit labellisé, testé en laboratoire et issu de cultures européennes certifiées garantit qualité et sécurité.
Le CBD : une piste naturelle prometteuse
Face à un TDAH aux multiples visages, le CBD pourrait bien représenter une voie complémentaire, naturelle et mieux tolérée que certains traitements de synthèse. S’il ne remplace pas un suivi médical ni un diagnostic professionnel, il peut venir renforcer une approche globale : alimentation équilibrée, thérapies comportementales, activité physique… et écoute bienveillante.
Son avenir ? Il dépendra des prochaines recherches cliniques et de la volonté des institutions sanitaires à explorer de nouvelles solutions pour améliorer la qualité de vie des personnes impactées par les troubles de l’attention. En attendant, le CBD continue de susciter l’intérêt d’une communauté de plus en plus curieuse… et bien souvent, soulagée.
